ILS...
.............. quittent un à un le pays
Pour s'en aller gagner leur vie
Loin de la terre où ils sont nés
Depuis longtemps ils en rêvaient
De la ville et de ses secrets
Du formica et du ciné
Les vieux ça n'était pas original
Quand ils s'essuyaient machinal
D'un revers de manche les lèvres
Mais ils savaient tous à propos
Tuer la caille ou le perdreau
Et manger la tomme de chèvre
......
Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?
Avec leurs mains dessus leurs têtes
Ils avaient monté des murettes
Jusqu'au sommet de la colline
Qu'importent les jours les années
Ils avaient tous l'âme bien née
Noueuse comme un pied de vigne
Les vignes elles courent dans la forêt
Le vin ne sera plus tiré
C'était une horrible piquette
Mais il faisait des centenaires
A ne plus que savoir en faire
S'il ne vous tournait pas la tête
Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?
Deux chèvres et puis quelques moutons
Une année bonne et l'autre non
Et sans vacances et sans sorties
Les filles veulent aller au bal
Il n'y a rien de plus normal
Que de vouloir vivre sa vie
Leur vie ils seront flics ou fonctionnaires
De quoi attendre sans s'en faire
Que l'heure de la retraite sonne
Il faut savoir ce que l'on aime
Et rentrer dans son H.L.M.
Manger du poulet aux hormones
Des photos prisent il y a quelques jours...
pour vous faire admirer la beauté du ciel lozérien...
La magie de la neige sur la première photo...
Bref le bonheur d'y vivre...
Et pour mes amies " Les Joyeuses "
d'être passées par là...
Dans la tempête
Le jeudi 2 janvier, les deux soeurs partent en pleine nuit à l'aube. Le temps semble meilleur. Les voyageuses arrivent à Mende, où elles apprennent que le service des cars est arrêté. Qu'à cela ne tienne. Marthe frète un taxi qui va les conduire à Montmirat.
- Nous irons ensuite à pied, dit la jeune institutrice à sa soeur.
Il est trois heures de l'après-midi lorsqu'elles atteignent Montmirat. La tempête recommence à sévir. Le bourg apparaît dans un tourbillon de neige. A l'auberge où elles s'arrêtent, on essaie de les dissuader de leur projet.
- C'est fou ! Vous ne trouverez pas votre chemin... Passez la nuit ici...
Marthe sourit. Que diraient les enfants si demain leur institutrice faisait l'école buissonnière ?
C'est alors que le dessin implacable fit se présenter M. Portalier, qui venait du Choizal et se rendait aux Badieux ; elles décidèrent de partir avec lui. Ils mettront trois heures à parvenir aux Badieux. M. Portalier, d'après le correspondant de « La Croix de la Lozère », les invita à chercher aux Badieux un gîte pour la nuit, car le jour déclinait. (3) A deux kilomètres de l'école, (4) en terrain connu, elles préférèrent continuer. Elles ne devaient pas être très loin de la Vaissière lorsque survint la tourmente.
Ce terrible fléau des hivers lozériens s'abat à l'improviste. Il provoque la presque totale paralysie des sens et d'abord fait perdre le sens de l'orientation. Nos pères ont tenté d'en prévenir les effets en utilisant des moyens plus touchants qu'efficaces : on prolongeait longuement la volée qui suivait le tintement de l'angélus ; on construisait un clocher dans les hameaux pour faire entendre que le secours était là... alors que les victimes succombaient parfois à quelques pas de leur porte.
Comment la mort vint-elle frapper nos deux héroïques soeurettes ? Voulurent-elles s'arrêter un instant pour changer de bas, comme le rapporte le journal local ? Ou pour reprendre quelques forces ? seule l'éternité recouvre ce secret, comme celui de leurs dernières paroles et impose un infini respect.
La découverte
C'est fini. Marthe et Pierrette ne donneront plus signe de vie. Le dimanche suivant, le 5 janvier 1941, soit trois jours après leur départ, il faudra que leur mère, affreusement inquiète, téléphone aux Bondons pour que l'on parte à leur recherche. Deux hommes des Bondons, parmi ceux qui les cherchaient, découvrirent les deux corps recroquevillés, se tenant par la main et recouverts de glace, au pied d'un arbre, dans un boqueteau de la colline de Colobrières. (5) On ne les trouva que vers cinq heures de l'après-midi, à cinq cents mètres environ des Badieux, un peu écartées de leur chemin.
Le médecin diagnostiqua une congestion. Il est possible qu'elles aient pris pour la bonne route, parce qu'il y avait des vestiges de pas, un raccourci tracé par le facteur. D'autre part, le phénomène est bien connu : les personnes qui marchent dans la neige, la nuit tombée, tournent en rond.
En leur mémoire .......
Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?